Des questions sur le rôle de l’association Aide et Solidarité ? Sur ses axes de travail actuels et futurs ? Le président de l’ONG, Idrissou BADA, répond à ces interrogations…
1) Après 6 ans d’intervention auprès des populations rurales, quels sont vos principaux constats ?
I.B : « Je pense que le développement dans le pays passe d’abord par la base.
Il s’agit d’aller vers les populations elles-mêmes pour qu’elles prennent des initiatives que nous pourrons accompagner.
En six années d’activité, Aide et Solidarité a essayé de jouer sa partition en apportant son appui technique, matériel et financier à ces populations mais je pense que le chemin est encore très long car il reste beaucoup à faire…
Dans de nombreux villages, certains même se trouvant à proximité de la capitale, il manque le minimum vital. L’accès à l’eau potable, l’accès au logement, l’accès à la nourriture, l’accès aux soins de santé ne sont pas des acquis. On assiste de plus en plus à une fuite de responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants, liée aux conditions de vie très précaires et à l’exode rural.
Au niveau local, les possibilités d’aide sont limitées et ne fonctionnent pas toujours.
Chaque mairie possède en principe un fonds pour les indigents. Cependant, dans la pratique, il est rarement utilisé. Or il importe d’en faire une bonne utilisation pour pouvoir soutenir les familles démunies…
Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, je pense qu’il faudrait que nous dépassions les considérations politiques..
Les populations ont besoin de se soigner, de se nourrir, de se vêtir. Nous devons les aider à sortir de l’extrême pauvreté où elles se trouvent, car la vie en milieu rural s’avère très difficile, surtout pour les femmes et les enfants.
Il est urgent de développer des projets communautaires, de mettre à la disposition des populations des outils pour qu’elles puissent assurer leur auto-promotion, et de leur fournir des infrastructures. »
2) En quoi les ONG comme Aide et Solidarité sont-elles importantes pour le Bénin ?
I.B : « La société civile a une place de choix dans le développement d’un pays car l’Etat décentralisé ne peut atteindre les populations à la base sans l’œuvre de nos associations.
En effet, nous faisons un travail de terrain.
Nous sommes à l’écoute des populations et nous recueillons toutes les informations nécessaires afin de répondre à leurs besoins de façon durable. Nous sommes présents au quotidien pour les aider à se mobiliser et pour les aider à être autonomes.
Sur le terrain, nous travaillons de manière concertée avec les communes, les arrondissements, les chefs de quartiers ou de villages, dans l’application ou dans la réalisation des plans de développement communaux élaborés par les maires.
De par nos actions, nous touchons directement les populations cibles qui sont aussi les populations bénéficiaires des différents projets que nous réalisons.
Eu égard à tout cela, je trouve qu’est visible le rôle prépondérant que jouent les associations comme Aide et Solidarité.»
3) Quels sont vos objectifs pour les 6 prochaines années et quels moyens pensez-vous mobiliser pour pouvoir les atteindre ?
I.B. : « Pour les six prochaines années, nous envisageons de répondre aux préoccupations des populations en mettant à leur disposition des infra-structures socio-communautaires.
Il faut que l’on arrive à éveiller les consciences et à changer les mentalités, à accompagner les populations de telle sorte qu’elles se prennent en charge elles-mêmes.
Nous devrons soutenir les initiatives locales dans le but de créer des emplois, mettre sur le marché du travail des jeunes formés, créer des partenariats entre les communes du Sud et celles du Nord, renforcer les capacités des chefs d’arrondissement, et des chefs de projet, en vue de la bonne exécution des plans de développement communaux.
Offrir aux enfants un cadre adéquat pour un meilleur épanouissement et une meilleure prise en charge, et donc un meilleur développement psychosocial, développer le micro-crédit, faciliter l’accès à l’eau potable en créant des puits dans les villages démunis, .
Appuyer la scolarisation des enfants notamment celle des filles.
Nous aspirons à pouvoir être présents dans tous les départements du pays. »
4) Quels domaines d’intervention pensez-vous développer en priorité ?
I.B : « La prise en charge des enfants, la formation professionnelle des jeunes et l’échange interculturel.
Au niveausocial toujours nous donnons une très grande priorité à l'accès à l'eau pour les populations rurales. Nous avons réalisé grace à notre partenaire LIFE ONG plus 75 ouvrages (forages équipés d'une pompe à motricité humaine) et 01 forage solaire équipé d'un château d'eau.
D’autre part, développer le secteur de l’agriculture locale, en aidant les populations à mieux produire, et mieux vendre, me paraît important.
Au niveau de l’éducation, la gratuité de l’enseignement prônée par le gouvernement est une bonne chose, certes, des efforts restent à faire pour permettre aux populations d’avoir des moyens pour l’achat des fournitures et manuels scolaires à leurs enfants, de relever le niveau des enseignants « communautaires » ou contractuels, et de mettre à la disposition des écoliers un cadre adéquat pour un développement plus intégré.
Au niveau des groupements féminins, il faudrait plus d’organisation et un renforcement des capacités des responsables. Il faudrait également mettre à la disposition de ces groupements un fonds sous forme de micro-crédit pour développer les activités et leur permettre d’avoir de meilleures conditions de vie et de travail. »